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9ème rencontre cycle chamanique

Cette rencontre est un peu spéciale car nous allons partager une nuit tous ensemble.


Aucun détail n'a jamais été partagé, cette soirée semble très secrète. Lors de notre dernière rencontre j'ai cru comprendre que nous passerons cette nuit en forêt. Woua une première pour moi. Quand je me suis inscrite, je pensais naïvement que nous dormirions dans un gite tous ensemble en faisant une cérémonie le soir, mais à voir, non.


Lors d'une rencontre hors du cycle, j'apprends par une membre de ma tribu, qu'il s'agirait d'une nuit initiatique où nous serions chacun seul dans un coin de la forêt pour la nuit entière... hum comment te dire que je ne suis absolument pas prête à cela ! La forêt de jour ok, mais de nuit, non !


J'ai donc une énorme boule au ventre le jour venu de notre rencontre... Aucun membre de la tribu n'a de réelles informations et les gardiennes gardent le secret jusqu'au dernier moment.


La journée commence par notre cercle de partage sur le mois dernier, puis après avoir été en connexion avec nos guides, chaque membre va partir dans la forêt à la recherche d'un arbre. Cet arbre doit être hors de la vue des gardiennes, mais également d'un autre membre de la tribu. Son accès à l'Ouest et à l'Est doit être dégagé.


Une fois cet arbre choisi, on doit faire deux cercles : un cercle d'initiation et un cercle de protection. Des pierres sont déposées pour symboliser les 4 directions. Chaque membre entre en communion avec son arbre et sacralise son endroit, sa maison pour la nuit à venir.


On y dépose également notre totem ainsi que notre parfum chamanique. Chaque membre effectue plusieurs fois l'aller et retour jusqu'au camp principal pour imprégner son corps de ce chemin.

Ce processus nous prend toute la journée, il est important que nos cercles soient correctement fermés et qu'ils soient bien visibles. Je t'avoue que je trouve la journée horriblement longue ! Nous n'avons toujours aucune information concrète sur ce qui nous attend cette nuit. Je commence à stresser, à être en colère, à me demander ce que je fais ici et pourquoi je m'inflige des choses pareilles...


La nuit commence à tomber, je sens l'angoisse en moi qui grandit, puis les gardiennes nous lisent un texte sur la quête de vision et nous annoncent le matériel à prendre : une bâche, une couverture, des habits chauds, des mouchoirs et notre tambour. Tout le reste reste au campement. Nous allons devoir passer la nuit, seul, assis contre notre arbre, sans dormir, en restant au maximum dans le silence et l'immobilité jusqu'au lever du soleil. Il nous faut entrer par la porte Ouest et sortir par la porte de l'Est.


Je vous partage ici une définition de la quête de vision :


La quête de vision est une pratique d’origine amérindienne, cependant on retrouve des pratiques similaires dans la majorité des cultures chamaniques, avec des variantes. C’est l’une des plus anciennes cérémonies chamaniques pour trouver une guidance spirituelle et renouer avec le sens de sa vie.

Traditionnellement, la quête de vision est un rite de passage basé sur une mort et une renaissance symbolique qui marquait, dans la vie d’un individu, la fin d’une période importante et le début d’une autre. La quête de vision se pratique en solitaire, en pleine nature, face aux éléments et à soi-même. La quête de vision est constitué de plusieurs éléments qui peuvent être confrontants : la séparation de son milieu habituel, le retrait dans un lieu isolé et un jeûne solitaire en pleine nature sauvage. Dans certaines cultures, on respecte également une privation de sommeil. Le but de la quête de vision est de prendre une distance par rapport à la famille et à la société dans laquelle nous vivons, et qui nous conditionne. Ce voyage intérieur demande du courage et la capacité de s’ouvrir à un autre mode de perception. Le fait de se retrouver face à soi-même, sans autres points de référence que la nature elle-même facilite le travail de ce rituel. L’initié apprend à voir autrement, à observer les signes et les présages que la nature lui adresse et à découvrir les secrets et les mystères que recèle son âme. La quête de vision n’a rien d’une cure de repos. Cela peut même être une expérience assez douloureuse, car elle implique de confronter ses peurs et ses démons intérieurs.

Elle peut nous donner l’occasion d’avoir :

  • une vision

  • une voyance sur notre chemin de vie

  • elle peut nous apporter une connaissance

  • une compréhension

  • un chant

Cela peut également prendre la forme d’une médecine particulière que nous pourrons alors mettre en œuvre. Certains faisaient ce rituel pour mieux comprendre les éléments de leur vie, obtenir une guérison, pour trouver le courage d’aborder une grande épreuve, remercier la vie pour un don. Le moment de la puberté, le passage à la vie d’adulte ou pour valider un changement de statut (guerrier, chasseur, homme-médecine, chef…) étaient aussi des moments propices à ce rituel.


Après cela, un feu est allumé autour duquel toute la tribu se retrouve pour jouer du tambour et se donner du courage. Les gardiennes nous font des peintures de guerrier sur le visage. C'est un moment très fort, s'imprégner du feu, de sa chaleur, de la présence de notre tribu avant notre grand voyage. Il est maintenant temps de partir chacun de notre côté pour retrouver notre arbre, dans la nuit de la forêt.


Je retrouve plus ou moins facilement le lieu où j'ai choisi mon arbre, mais je mets beaucoup de temps à le retrouver... Cette panique qui monte en moi de ne pas le trouver et devoir rester là ou pire de devoir rentrer au camp et m'avouer vaincue... Mais avec l'aide d'une membre de ma tribu, je finis par mettre la main sur mon arbre.


J'avais beaucoup d'appréhension, j'avais peur d'avoir peur du noir, des animaux. Mais lorsque je me suis assise contre cet arbre, j'ai très vite ressenti une grande sérénité. Je savais que j'étais sans danger, que mon arbre me protégeait et que rien, ni personne n'entrerait dans mon cercle de protection. Ma vue s'est adaptée et je me suis rendue compte qu'il ne faisait jamais vraiment "noir", on devine des formes, tout est un peu flou, mais on voit. Le bruit des animaux ne me dérangeait pas, mais finalement plus les moments de silence, de manque de vie.


Ce qui a été le plus dure pour moi, c'est la perte de l'espace temps. On en sait plus si on est assis depuis 30 min ou 3 heures... Je me suis assoupie par moment, et quand je me réveillais, je ne savais jamais depuis quand je dormais... C'était long parfois, j'attendais de voir ce foutu soleil se lever et je restais là avec moi-même.


Pour la première fois, mon cerveau a pu se mettre sur pause, j'ai pu observer la forêt sans pensée, j'étais là depuis si longtemps... Je faisais partie de la forêt, j'étais la forêt. Nous avons eu des orages cette nuit-là, ce qui m'a permis de ressentir le vent dans les arbres, d'être cet arbre, qui se balançait dans mon dos. Si fort et enraciné et même temps si flexible qu'il plie sous le vent.


On voit de drôles de chose durant la nuit, ne sachant plus si c'est la réalité et des hallucinations. On distingue des formes, des lueurs. Lorsque j'avais besoin de me rassurer, je prenais mon tambour contre moi, il était comme mon bouclier qui me protégeait de l'extérieur. Durant toute cette nuit, on est traversé par diverses émotions. J'ai vraiment eu l'impression de vivre une certaine mort puis une renaissance. On se laisse gagner par nos démons, notre noirceur, on l'accueille puis vient la lumière et la douceur.


Je crois qu'il était entre 5h et 5h30 lorsqu'un énorme orage est arrivé. Très vite, je me suis retrouvée mouillée. Je me protégeais tant bien que mal, moi et mon tambour, mais puis j'ai vu que je voyais à nouveau claire, j'ai compris que le jour s'était levé, mais qu'il n'y aurait pas de soleil aujourd'hui. J'ai donc décidé de retourner au camp, trempée, il était entre 6h30 et 7h.


Quand je repense à cette nuit-là, je suis remplie de fierté. J'ai découvert que j'étais bien plus forte que je ne le pensais. J'ai senti au fond de mes tripes, cette force infinie qui me permet de surmonter tous les obstacles. J'ai ressenti que j'étais pleinement à ma place dans cette forêt, en sécurité. Mes peurs ne sont que le fruit de mon imagination, j'ai le pouvoir de tout affronter.


Depuis cette expérience, je me sens puissante. Je ne sais pas trop comment expliquer mais j'ai compris que j'avais toutes les réponses en moi, "je sais" et "je suis".


Je savais que si je redoutais tant d'aller à ce weekend, c'est qu'il venait certainement challenger une partie de moi-même qui avait besoin d'évoluer. Je suis fière d'avoir, encore une fois, oser y aller. Une Justine est entrée dans cette forêt cette nuit-là, mais une autre en est ressortie le lendemain matin...


Aho.














Aho


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